Intro
Matteo : Bonjour Hervé, peux-tu nous raconter comment l’histoire de la brasserie a commencé ?
Hervé : J’ai toujours voulu créer une entreprise et la brasserie était une industrie passionnante et en pleine effervescence. Au départ je voulais l’installer à Dunkerque : c’est une ville qui me tient à cœur. Puis, finalement, l’occasion s’est présentée en 2020 de reprendre la brasserie « Les Tours du Malt » à Hem. Il s’agit d’un projet qui avait été initié par une autre personne, dans une ferme rénovée par la mairie. Nous avons candidaté, on a été retenu et aujourd’hui, on fait travailler 4 personnes en plus de mon fils et moi-même.
Tu te définis « brasseur de terroir », tu peux nous expliquer ce positionnement ?
H : C’est-à-dire qu’on tente de faire du 100 % local. Aujourd’hui, on est à 80 %. Pour le houblon, il est à 90 % provenant des Hauts-de-France et pour les levures on se fournit chez Fermentis (Marcq-en-Barœul – 59). La filière locale se construit. Ca fait partie de notre ADN et les clients apprécient le côté local, d’autant plus quand il est aussi bio.
M : Dans cette logique engagée, est-ce que vous avez aussi mis en place des démarches éco responsables ?
H : Oui, dès le début c’était notre volonté d’avoir un contrat d’électricité en énergie verte et nous avons eu la chance de le signer juste avant la flambée des prix liée au covid. Nous venons de le renouveler et resterons sur ce même contrat jusqu’en 2027. On a aussi mis en place un système de consigne pour le réemploi des bouteilles dès le début. On travaille avec Haut La Consigne (une structure qui propose de récupérer les bouteilles consignées, les laver et les remettre en service). Nous avons été parmi les premiers à acheter leurs palettes de bouteilles consignées.
Mon objectif à moyen terme est d’utiliser seulement des ingrédients sourcés à moins de 200-300 km de la brasserie. C’est ça être « brasseur de terroir »
Tu peux nous parler des activités qui ont lieu à la brasserie ?
H : On fait visiter la brasserie toutes les semaines, le jeudi soir et le samedi matin. C’est une association visite & dégustation. Dégustation de nos bières évidemment, accompagnées par des fromages locaux. Cela permet de faire découvrir l’association bière-fromage que tout le monde ne connaît pas. On propose aussi des jeux de questions-réponses et mimes pour agrémenter la visite. C’est important de faire découvrir le terroir, ça fait partie de notre patrimoine.
On est labellisé accueil vélo aussi. C’est pratique, pendant la pause, la personne peut réparer son vélo si besoin, tout en profitant de déguster une bière tranquillement. Notre bar est ouvert du mercredi au samedi après-midi jusqu’en début de soirée. La terrasse sera finalisée dans l’été pour une ouverture en septembre.
Il est possible de privatiser la brasserie, plus d’infos sur lestoursdumalt.fr
Tu proposes 5 bières permanentes chez Les Tours du Malt, peux-tu nous en parler ?
H : Oui, toutes nos bières sont légères, pour que l’on puisse en profiter sans avoir mal à la tête trop rapidement.
On a 2 blondes : « La Pain-Pain » et « La Blondin ».
Dans la première, on remplace 20 % des céréales par du pain. On n’aime pas jeter, donc on recycle. La deuxième, c’est un style lager, sans amertume. C’est la bière passe-partout qui se déguste facilement.
Ensuite, on a une triple, « La Braquaval ». À la base, elle était avec de la fleur d’hibiscus. Le problème, c’est que l’hibiscus, ça n’existe pas en France. Il faut l’importer d’Égypte ou du Sénégal. Et, comme on veut faire du local, on a décidé de la remplacer par la fleur de coquelicot. Cela lui donne une robe pourpre ambrée. Les tests sont concluants, donc on va commercialiser la nouvelle recette à partir de cet été.
On propose aussi une bière qui s’appelle « La Km 200 ».
Une French Pale Ale fabriquée à base d’ingrédients qui viennent de moins de 200 km autour de la brasserie.
Enfin, on a « La Rincette », une IPA, très houblonnée, mais pas astringente (âpre).
Et concernant la gamme sans alcool, vous proposez quoi ?
H : On est en réflexion sur les bières sans alcool. Pour l’instant, on n’en propose pas. On propose une limonade, Limon’Ale, avec des notes de pamplemousse. C’est léger, rafraîchissant et très peu sucré, 5 fois moins qu’un coca. Les enfants l’apprécient, les parents aussi. On propose de l’eau tonique, avec du pamplemousse également. On l’a créé suite à une collaboration avec la distillerie Persyn, à Houlle.
Est-ce que vous faites des collab’ avec d’autres brasseries ?
H : Il nous arrive d’en faire quelques-unes. Cet été, on a travaillé avec la brasserie Chromatique à Saint-Léonard pour deux créations. C’est intéressant d’échanger sur le métier, les techniques, les recettes, les astuces. Pour l’instant, le climat entre brasseurs est plutôt détendu, sympa parce qu’il n’y a pas encore trop de concurrence.
Matteo : C’est notre ami Ludwig qui a illustré la bouteille de la collab, la Kung Fu Koala ! Il s’agit d’une hoppy rice lager (lager houblonnée avec du malt de riz). Il s’agit de la 2eme bière issue de ce travail d’équipe, vous retrouverez plus de détails sur instagram.
Lu2wig (illustrateur) @lu2wig
Brasserie Chromatique @brasserie_chromatique
Brasserie Tours du Malt @les.toursdumalt
Et concernant les étiquettes, tu peux nous parler un peu du travail de graphisme ?
H : On a créé des étiquettes avec plein de pictogrammes dessus. C’est une volonté pour montrer les ustensiles utilisés pour le brassage et les ingrédients des recettes.
Pour nous, la bière, c’est un art. C’est l’art de brasser, l’art de choisir les ingrédients, l’art de la déguster. On souhaitait mettre en valeur sur nos étiquettes cet art, d’où les pictos.
Et puis, cela permet de nous différencier.
On a également un code couleur, un fond coloré pour les éphémères avec le logo au milieu, le fond blanc pour les permanentes. Et pour celles que l’on vend pour la grande distribution, on est sur un contraste couleur sur fond noir pour attirer l’œil dans les rayons.
Sans trahir aucun secret, pour l’étiquette de notre prochaine éphémère, on a travaillé avec un artiste de Hem, Christophe Lecoutre, et elle s’appellera “la Dresseuse de Moules”.
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